Savez-vous que 70% des personnes dans le monde souffrent du syndrome de l’imposteur à une période de leur vie ? (source : Journal of Behavioral Science)
Tout le monde est concerné, des managers aux étudiants, mais ce sont les secteurs artistiques qui sont les plus touchés par ce questionnement sur leur légitimité. Par exemple, 87% des professionnels du design et des arts créatifs sont concernés (source).
Les champions du syndrome de l’imposteur ? Les artistes. Ceux qui ont fait les Beaux-Arts penseront avoir eu de la chance d’obtenir leur diplôme. Les autodidactes se persuaderont qu’ils ne sont pas à leur place, car ils n’ont pas suivi une école prestigieuse.
Même les prix et les distinctions qu’ils pourront recevoir ne suffiront toujours pas à museler cette petite voix intérieure qui les déstabilise.
À titre d’exemple, l’acteur Tom Hanks, lauréat de 2 Oscars (et 6 fois nominés), de 4 Golden Globes et de 6 Emmys Awards, a confié dans un podcast douter en permanence de son talent (source) : « Peu importe ce que nous avons fait, il y a toujours un moment où vous pensez : ‘Comment suis-je arrivé là ? Quand vont-ils découvrir que je suis, en réalité, un imposteur et tout me retirer ?' »
Les artistes-peintres, les sculpteurs, les photographes, etc. seront d’autant plus sensibles au syndrome de l’imposteur qu’ils ont une clientèle plus confidentielle et qu’ils peuvent aussi traverser des périodes « au creux de la vague ».
Heureusement, ce syndrome n’est pas une fatalité !
Un syndrome qui touche aussi les autres
Si vous…
- mettez en cause vos compétences ;
- avez l’impression que les autres sont plus brillants que vous ;
- attribuez vos succès à la chance et à l’aide de votre entourage ;
- pensez ne pas mériter les bonnes choses qui vous arrivent ;
- doutez d’être à la hauteur de tel ou tel nouveau projet ;
- éprouvez le sentiment que vos œuvres ne sont jamais terminées, car elles ne sont pas parfaites.
… alors vous éprouvez le syndrome de l’imposteur. Heureusement, il y a une bonne nouvelle : les autres sont dans la même situation que vous ! Donc plutôt que de rester dans la solitude de votre atelier, il est préférable d’aller à la rencontre des communautés d’artistes. Vous vous apercevrez vite que vous n’êtes pas un cas isolé !
D’ailleurs, se remettre en question est aussi positif. Vous pourrez puiser dans vos interrogations la motivation pour continuer à apprendre, à évoluer, voire à explorer de nouvelles techniques/supports créatifs.
Une distorsion de la réalité qui traduit un manque de confiance en soi
Il ne faut pas confondre estime de soi et ego surdimensionné. Pour éviter de laisser le syndrome de l’imposteur empoisonner votre quotidien et nuire à votre carrière artistique, il y a de bonnes pratiques à adopter :
Arrêtez de minimiser les compliments et vos réussites
Quand on vous complimente sur un tableau, sur votre style ou sur la technique appliquée, contentez-vous de remercier votre interlocuteur. Vous n’avez pas à chercher à vous justifier. Ni à faire remarquer tout ce qui ne va pas, ou à vous demander si la personne est sincère. De même, quand vous avez du positif dans votre journée, accordez-vous quelques instants pour savourer la bonne nouvelle reçue.
Pour anticiper vos futures baisses de moral, notez tout sur un cahier. Cela vous aidera à relativiser et à vous rappeler que vos œuvres d’art ont de la valeur.
Débusquez vos schémas limitants
Plutôt que de vous dénigrer en permanence, imaginez que vous endossez le rôle de votre meilleur ami. Est-ce que vous porteriez le même regard sur vous ? C’est peu probable…
En vous considérant avec bienveillance, vous pouvez éviter trois écueils :
- Rabaisser la valeur de votre travail (par exemple si vous proposez un prix de vente qui ne couvre même pas vos frais) ;
- Vous complaire dans des pensées autodestructrices. Prenez conscience de vos idées noires, afin de les remplacer aussitôt par des affirmations valorisantes.
- Être paralysé par le mythe de la perfection. Tous les artistes ont des failles, qu’ils pourront corriger au fil du temps si cela s’avère utile. Ainsi, chaque création vous permettra d’avancer un peu plus loin, de repousser vos limites, et surtout d’exprimer les multiples facettes de votre personnalité.
La clé : savoir relativiser
Le syndrome de l’imposteur est un état transitoire, beaucoup plus marqué à certaines périodes qu’à d’autres.
Il va plutôt se manifester dans des périodes de stress (ex. : quand vous ne vendez pas), si vous êtes confronté à des critiques négatives, ou au départ d’un nouveau projet (ex. : se lancer dans une pratique artistique, exposer pour la première fois, participer à un concours, accepter une commande publique ou privée, etc.).
Alors, prenez du recul ! Tous les artistes, même les plus connus, ont eu leur lot de « ratés » et de commentaires acerbes. Vous n’avez pas non plus besoin de tout savoir sur la peinture ou la sculpture pour créer, exposer ou vendre.
Que risquez-vous au juste à oser faire ce qui vous plait ? Avoir une vocation brimée ou étouffée ne serait-il pas plus dur à vivre ? Plus vous irez de l’avant, plus vous vivrez de moments d’intense satisfaction. Et progressivement, vous apprivoiserez votre syndrome de l’imposteur.